Le calcaire, cette roche tellement banale, friable, perméable… qui m’inspire beaucoup car j’y vois une magnifique allégorie de l’être humain. Et j’ai enfin mis des mots sur ce lieu magique qui me ressource tellement: Etretat.
Le calcaire se forme avec le temps, beaucoup, beaucoup de temps, patiemment, couche après couche. Certaines strates vibrent du blanc éclatant de millions de coquilles vides, vestiges d’une vie foisonnante passée. D’autres strates plus sombres sont faites de glaise et de limons gris, et témoignent peut-être de moments plus obscurs.
Lorsque l’on arpente la falaise, on n’a aucune idée de sa grandeur ni de sa beauté. On n’en perçoit que sa surface, herbue ou boisée, avec le vague relief qu’elle veut bien nous montrer. Certes, de là-haut on domine les environs, et c’est grisant. On peut choisir de rester là pour la beauté de la vue sur les alentours.
Mais pour voir notre roche, la voir vraiment dans toute sa mesure, il faut descendre en empruntant un sentier difficile, escarpé, parfois dangereux. Les chutes y sont fréquentes. Accepter le risque.
Alors, une fois arrivé tout en bas, il est nécessaire de nous détacher, prendre tout le recul possible… Et enfin, on peut contempler la falaise dans sa complétude, sa beauté et sa force.
De ses reliefs accidentés, de ses creux et de ses bosses, de ses anfractuosités tourmentées, de ses failles et éboulis, de cette fragilité se dégagent toute la puissance et la lumière de cette roche éclatante.
Et plus loin dans la mer, l’aiguille ! Tourmentée, abîmée par les assauts répétés des vagues et du vent qui, semble-t-il, souffle là pour l’éternité. Et pourtant toujours debout, malgré les monstrueux effondrements qui l’ont ainsi façonnée.
L’aiguille est là, bien ancrée dans la terre, et qui de toute la blancheur nacrée de sa flèche, nous montre le ciel comme le plus sûr chemin.
Texte écrit le 16 juin 2022, après une petite méditation en face de l'aiguille d'Etretat.
Photo perso
Comments