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  • juliengautherot

La sixième blessure de l'âme


Dans le monde du développement personnel, et à plus forte raison celui de la spiritualité, l'on parle beaucoup des fameuses "5 blessures de l'âme" dont Lise Bourbeau a capturé l'essence, puis développé et consolidé des observations, des comportements-types, des masques sociétaux et déduit des moyens de guérison.


Rappelons-les brièvement : Trahison, Rejet, Abandon, Humiliation et Injustice (et dans cet ordre leurs initiales forment le mot T.R.A.H.I. et POUF !! sous vos yeux ébahis apparait un moyen mnémotechnique infaillible pour les retenir ; c'est cadeau, et il n'est pas de moi -merci à toi qui me l'a donné !)


Et c'est vrai qu'au travers de ces 5 blessures on retrouve bien les différentes expériences auxquelles nous humains sommes exposés dès notre naissance.


L'on peut débattre des caractéristiques physiques, psychologies et comportementales que Lise Bourbeau attribue à chacune de ces blessures ; personnellement je les trouve un peu trop détaillées et déterministes, et donc enfermantes. Notre bon roi Arthur, dans Kaamelott, dirait "Et ça, c'est du péremptoire !" Lorsque il est écrit "Le rigide cherche la justice à tout prix"...ce n'est absolument pas nuancé, et il peut y avoir mille raisons, milles influences différentes qui vont faire que ce postulat n'est pas systématiquement vérifié. La conséquence d'un tel étiquetage, que j'ai d'ailleurs constaté à plusieurs reprises, est que certains en font une interprétation scolaire, voire dogmatique : "si ce n'est pas exactement tel que marqué dans le bouquin de Lise, alors ce n'est pas vrai". Les livres de Lise ne doivent pas se lire comme une Bible, mais bien comme des guides, des indications... car en réalité ces 5 facettes se confondent, se masquent ou se superposent même entre elles.


Mais faire une critique de ce modèle et de la manière dont il est utilisé n'est pas le sujet ici, et tout ceux qui l'utilisent s’accordent sur le fait que cet immense travail de Lise Bourbeau est extrêmement précieux pour avancer dans son développement personnel, et que ces 5 blessures jouent un rôle capital dans le développement de notre âme (et par extension de notre psyché dans un corps...) Alors merci infiniment, Lise !!


Si j’utilise beaucoup les 5 blessures dans ma pratique thérapeutique, ou pour mon propre progrès, il m’est parfois arrivé de me retrouver perplexe, coincé. Car si l’étiquette de telle ou telle blessure, ou une superposition de plusieurs, semblait coller à la situation, quelque chose clochait pourtant. Et cette dissonance se vérifiait aussi chez moi, malgré le travail continu que je m'auto-applique. Après avoir bien passé en revue et expérimenté mes différentes blessures, avoir identifié les éléments de ma vie qui leur avait donné naissance, et ce qui les faisaient résonner encore aujourd'hui... il manquait toujours une pièce qui faisait que l'ensemble "ne sonnait pas juste".


Cette pièce manquante, j'ai commencé à la conscientiser pendant ma thérapie, et je viens tout juste de l'expérimenter de nouveau, assez durement.


Et s'il existait une autre blessure, non capturée par Lise dans son modèle ? Une blessure qui, selon moi, est pire que les autres par ses implications... et vous allez rapidement comprendre pourquoi.


Cette blessure, je l'appelle blessure d'anéantissement.


Le mot est très fort, certes. Car cette blessure peut avoir différentes formes, plus ou moins difficiles à traverser. La caractéristique principale de cette blessure, c'est que vous n'êtes pas trahi, abandonné ni rejeté, mais... vous (et/ou vos besoins) n'existez tout simplement plus, vous êtes nié, réduit à néant !


Si je décompose les différentes formes que peut revêtir cette blessure :


  • L'ignorance C'est selon moi la forme la plus légère de cette blessure. Vos besoins (incluant aussi vos peurs et vos rêves) ne sont pas pris en compte de manière ponctuelle, que ce soit volontaire ou non, par ceux qui sont censés y faire attention. Un bon exemple est celui du jeune enfant terrorisé qui voudrait un câlin pour être rassuré mais à qui on affirme qu'il est maintenant un grand. Ou celui que l'on oblige à aller pratiquer un sport qu'il n'a pas vraiment choisi "parce que c'est bon pour toi".

    Ici, même si vous, vous êtes bien toujours considéré par l'autre, il balaye vos besoins, vos envies, vos rêves comme s'ils n'étaient pas important, comme s'ils n'existaient pas : ils sont anéantis.

  • L'indifférence À ce niveau, on ne s'intéresse même plus à vous. Juste: on s'en fout ! Ici, un exemple serait le parent qui se fiche de ce qui se passe dans la vie quotidienne, voir même de la santé et de l'éducation, de son "rejeton". Des parents comme ça font malheureusement des apparitions dans la presse, pour des cas de maltraitance infantile. Et dans l'inconscient humain, il vaut mieux être maltraité ("si on me maltraite c'est que j'existe !") que de vivre dans l'indifférence. Donc, en plus de vos besoins, de vos envies, c'est votre existence même qui est remise en cause et anéantie. Vous n'existez plus, dans la conscience de l'autre.

  • La réification Mot peu utilisé qui signifie "renvoyer à l'état d'objet". Sous cette forme, les mauvais traitements qui vous sont infligés vous privent de votre humanité et font de vous un objet soumis au bon vouloir de l'autre. C'est ce qu'on peut ressentir lorsque l'on est victime de viol. Les esclaves devaient probablement vivre la même chose. Ici, clairement, votre dimension humaine n'existe plus, vous êtes devenu une chose utile.

  • L'annihilation Le niveau le plus difficile de cette blessure car là, on est sur du très lourd : il y a une intention manifeste de vous détruire, de vous annihiler. Je pense que c'est heureusement un cas rare, mais l'histoire des hommes et l'actualité nous prouve que cela existe. Les épurations ethniques comme la Shoah, sont pour moi le niveau extrême de la mise en œuvre de cette blessure de l'âme. De manière individuelle, il me semble possible que certains crimes psychopathiques violents répondent également à cette définition.


À la lecture de ces descriptions brèves, vous vous êtes peut-être fait la réflexion que ces différentes formes que peut prendre la blessure d'anéantissement ressemblent aux autres décrites par Lise :

l'ignorance peut ressembler à la trahison,

l'indifférence au rejet,

la réification à l'humiliation,

l'annihilation à l'injustice.

Et d'une manière générale, cette blessure ressemble à l'abandon, il vient colorer chacune de ses facettes.


C'est tout à fait juste, mais dans le cas des 5 blessures classiques, elles vous sont "infligées" alors que vous continuez d'exister ; on vous humilie, on vous abandonne, mais vous êtes toujours là, vous êtes toujours quelqu'un dans la conscience de l'autre.


Alors que dans la blessure d'anéantissement, ce que vous êtes est renié, invisible, vous et/ou vos besoins cessez d'exister (même temporairement) dans la conscience du "bourreau", réduits à néant. C'est pour cela que je trouve que l'anéantissement est encore pire que les 5 autres dans ce qu'il signifie pour votre Être.


Et de mon vécu, cette blessure-là est très précieuse lorsque votre âme est dans l'expérience ultime de s'aimer elle-même inconditionnellement. Toutes les blessures vous font travailler entre autre sur l'estime de vous-même et l'amour de soi, mais l'anéantissement vous fait passer un palier. Comme si les 5 autres blessures vous préparaient à cette ultime épreuve, avant de passer à un niveau de conscience plus grand.


Prenons cette métaphore que j'affectionne tant pour parler du chemin de nos âmes : nous sommes à l'école. Les 5 blessures sont pour moi symbolisées par l'enseignement et le contrôle continu. L'anéantissement serait le brevet ou le bac.


Quand vous transcendez cette blessure-là, vous changez de niveau.


Merci de m'avoir lu !

Julien












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