À toi lecteur qui découvre ce blog ou qui le suit depuis récemment, il me faut te partager un élément important de ma vie, nécessaire pour la compréhension du texte qui suit : j'ai été victime d'inceste, et le responsable de cet acte était mon grand-père maternel. Je devais avoir 4-5 ans lorsque cela a eu lieu. J'ai actuellement deux souvenirs différents, qui m'indiquent qu'il y eut au moins deux "épisodes".
Si tu veux en savoir davantage sur cette histoire, tu trouveras une série de 4 posts de mon blog dédiés à cette partie de mon chemin, qui relatent les différents stades de mon évolution et de l'intégration de ce trauma (lien ici), depuis la découverte jusqu'au pardon et ma propre libération.
Ce post-ci vient aujourd'hui conclure ce chapitre de ma vie, lui mettre un point final. Pas LE point final de l'histoire ni pour tous ses protagonistes, car nous n'avançons pas tous à la même vitesse. Mais le terme de MON histoire avec mon Papy. Lui et moi venons de clore ce chapitre de notre relation. Ensemble.
Il y a deux jours ma sœur me rend visite et me tend une petite enveloppe contenant des photos : "Tiens, des photos de toi enfant, tu les regarderas plus tard". Poussée par l'intuition et inspirée par notre mère depuis le ciel où elle est, ma sœur s'était mise à trier les photos de famille, justement le jour de l'anniversaire de Maman. Parmi ces photos, une bonne dizaine d'entre elles me montrent bébé, assis sur les genoux de mon grand-père maternel. Oui : celui-là même qui a commis des actes sexuels sur moi. Bien que très mal à l'aise, ma sœur avait ressenti qu'il était important pour moi d'avoir ces photos et me les a donc transmises.
La première photo qui me percute de plein fouet est celle qui suit : je suis sur les genoux de maman, papa assis au sol. J'ai 4-5 ans, je suce mon pouce et... le regard du petit garçon que je suis me transperce et me glace le sang : cet acte d'abus a eu lieu juste là, peu de temps avant cette photo. Ce petit Juju du passé vient de vivre l'inceste pour la première fois.
Ce regard d'enfant est brûlant, il me fait mal, et dans, le même temps il m'insuffle une force inouïe.
Je réalise alors que cette force vient... de moi-même ! Comme si l'adulte que je suis aujourd'hui, fort et reconstruit, sorti plus vivant que jamais de cette épreuve, envoyait au travers du temps de la force, de l'amour et de la compassion à ce petit bonhomme. Par un simple échange de regard sur papier glacé, comme une boucle temporelle dans laquelle cette photo serait la porte.
Cette force que je m'auto-insuffle au travers cette photo me fait un bien fou. Je suis soudain convaincu que le petit Julien du passé l'a bien reçue, et qu'elle lui a permis de traverser la vie avec ténacité et de devenir le grand Julien libéré qui vit aujourd'hui.
Je continue à faire défiler les clichés et arrivent les fameuses photos avec mon papy. Celle-ci me montre sur ces genoux, tenant une poire dans la main. On pourrait ironiquement la titrer "Le fruit défendu".
À leur vue, je ressens une forte émotion, mais qui ne relève pas de la tristesse, de la révulsion, de la colère ou toute autre émotion que l'on attendrait normalement d'une victime d'abus sexuel revoyant son bourreau. Il y a autre chose qui se joue que je ne perçois pas encore, et c'est entre Papy et moi.
La réponse ne va pas tarder à m'arriver : après avoir parcouru ces photos, je me sens tout à coup épuisé et éprouve l'envie de dormir. Je vais donc m'allonger, et ne tarde pas à glisser dans un demi-sommeil.
Alors que je suis endormi, je sens que quelqu'un prend mes mains dans les siennes. J'entrouvre un œil un peu hagard, il n'y a évidemment personne, mais la sensation est bien là et je me rendors aussitôt.
Je ne parviens pas à reconnaitre la présence, à identifier QUI me prend les mains en cet instant. "C'est ton Papy !" résonne alors dans ma tête. Chose curieuse : lorsque j'entre en contact avec une entité de l'invisible, habituellement elle s'adresse à moi directement, dans ma tête. Or cette fois, il y a une tierce présence qui joue le rôle d'intermédiaire, qui parle pour Papy, comme si lui ne le pouvait pas lui-même. Je reconnais d'ailleurs cette tierce personne comme étant mon guide habituel Gabriel, c'est son énergie qui parle. Mais ce n'est pas son énergie qui me tient les mains.
Et puis mon guide me souffle que Papy vient faire "amende honorable", il vient présenter son pardon d'avoir eu ces gestes sur moi. Car il vient d'accepter ce monstre en lui, et ose enfin lui faire face.
C'est troublant, mais ce qui m'est révélé n'est pas encore terminé : un peu plus tard, je ressens profondément que si tout cela a lieu aujourd'hui, c'est que Papy, qui s'est réincarné déjà, vient de subir de nouveau ce type d'abus sexuel. L'enfant qu'il est aujourd'hui vient de vivre une agression. Papy s'était manifestement choisi une nouvelle vie face à la pédophilie, pour tenter, à nouveau, de transcender ce monstre en lui, cette ombre qui est sienne. Et le fait d'avoir vécu cela le renvoie instantanément auprès de ses anciennes victimes, comme un "je viens payer ma dette et te demander pardon".
Et grâce à ces photos arrivées jusqu'à moi grâce à l'intuition de ma sœur, j'ai pu ressentir Papy, sa souffrance et sa libération vis-à-vis de moi. Notre lien karmique se dissout.
Ainsi, si j'ai pu établir une connexion à travers le temps avec mon petit-moi du passé pour m'insuffler du courage, Papy lui a pu établir une connexion à travers l'espace avec moi, pour venir me regarder en face et affronter sa honte et sa culpabilité.
Alors merci infiniment Papy, où et qui que tu sois maintenant, d'avoir osé de nouveau t'exposer à cette souffrance. D'avoir osé faire face et mettre un terme à notre histoire sur ce sujet. Il y a quelques semaines, je t'avais déjà donné mon pardon au gout de tarte à la mûre, aujourd'hui je te donne ma confiance pour réussir, cette fois, à faire triompher ta lumière.
Je t'aime.
Merci à ma sœur pour les photos !
Merci à vous de m'avoir lu !
Avec amour :)
Julien
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